mardi 29 mars 2011

Evêques impossibles


 Sous la plume de son rédacteur responsable, la revue Sources a publié ce libre propos  dans sa dernière édition de mars-avril 2011. Il se réfère à la crise de l’Egise catholique en Suisse, malade de ses évêques. La succession de Mgr Genoud, évêque défunt du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg ne cesse des subir des renvois successifs, comme si l’on manquait de candidats valables pour accéder à ce poste. Le diocèse de Coire est en pleine turbulence et celui de Bâle, au dire de son ancien évêque, est devenu ingouvernable.
  
« Dans une revue romande[1], un juriste de mes amis démontre magistralement comment nos diocèses suisses sont hétéroclites et ingouvernables. Et de plonger dans notre histoire locale, elle aussi composite et compliquée, pour appuyer ses arguments. Loin de moi la volonté de le contredire. Je souhaite simplement élargir ce débat en passant du diocèse à l’évêque qui en est le pasteur. L’interrègne épiscopal qui semble s’éterniser dans mon propre diocèse me paraît opportun pour esquisser ces quelques réflexions.

Mes professeurs d’histoire ecclésiastique m’avaient persuadé que Vatican I fut un concile qui visait à conforter l’autorité du pape mise à mal par les libéraux de l’époque, dont Garibaldi était le fer de lance. Par contre, Vatican II devait rétablir l’équilibre en reconnaissant aux évêques leur pleine juridiction sur leur diocèse, en lien avec cette fameuse collégialité qui les associait au gouvernement de l’Eglise universelle. Vatican II proposait donc un nouveau type d’évêques : maîtres chez eux, mais en communion avec leurs collègues, et tout particulièrement avec celui de Rome qui « préside à la charité », selon un adage qui remonte au deuxième siècle.

Cette cote était assurément mal taillée et difficile à porter. Du moins, avec élégance. L’évêque catholique, selon le dernier concile, n’est ni un sous-préfet du Vatican, ni un franc-tireur qui se moque de la concordance. Deux impératifs difficiles à concilier. Coincé et tiraillé entre l’enclume de son peuple et le marteau romain, il est contraint à naviguer à vue, le plus souvent sous l’eau, en vrai sous-marin. A force de jongler entre sa gauche et sa droite, entre ses convictions personnelles et son devoir d’allégeance, l’évêque finit par s’épuiser et se met à déprimer. Son « oui » » n’est plus qu’un « oui mais ». Quant à  son « non »… Pire, il est tenté d’abandonner ce qui lui reste d’autorité à des administrateurs ou des comptables dénués de toute fibre pastorale.

L’histoire heureusement nous a fait connaître des évêques prophétiques. « Monsieur de Genève » (François de Sales), pour ne parler que de lui, appartenait à cette race de prélats. Ils n’hésitaient pas à innover quand la nécessité évangélique faisait loi. Premiers responsables de la santé spirituelle de leurs diocésains, ils prenaient les devants sans attendre un ordre venu des bords du Tibre. Quand on rencontre un enfant affamé (d’eucharistie) au bord de son chemin, on ne tergiverse pas. On le nourrit. L’évêque, père et responsable de son peuple, tire alors le pain de sa besace et prend les mesures adaptées pour que cette pénurie ne se renouvelle pas. Quand bien même il jouerait un certain temps les cavaliers solitaires. Nécessité fait loi ![2]  Mieux vaut sans doute chanter sa partition en chœur, plutôt qu’en solo. Mais il arrive dans une symphonie que le soliste entraîne les choristes et finit par imposer à tous son thème musical.

Courage donc, chers Pères-Evêques ! Vous vous plaignez que vos diocèses sont ingouvernables, que vous ne connaissez plus vos prêtres, pourtant vos premiers collaborateurs. Vous êtes parfois surpris d’apprendre que certains d’entre eux vivent et meurent, abandonnés à une triste et parfois morbide solitude. Qui vous empêche de morceler vos territoires, pour les rendre plus humains, plus vivables ? L’histoire politique ou religieuse de nos régions ? Tout cela est derrière nous. Les us et coutumes de votre administration ? De grâce, ne mettons pas la charrue avant les bœufs ! Respectons les priorités de votre ministère qui vous demande de vivre proches de votre peuple et aux écoutes de ses besoins. Surtout des plus petits qui estiment votre charge plus que vous ne le pensez. »



[1]  Philippe Gardaz : Les diocèses impossibles, dans :  Choisir,  février 2011,p.15-18
[2] Notre revue a déjà mentionné le souhait exprimé par au moins trois évêques suisses d’envisager l’ordination à la prêtrise d’hommes mariés pour que le peuple de Dieu puisse avoir accès à l’eucharistie. Souhait demeuré sans suite, il faut le répéter.

mardi 15 mars 2011

Que faire avec l’argent quand on en a trop et quand on en manque ?

"Faites-vous des amis avec l'argent trompeur" 

Le revue dominicaine « Sources » consacre son dernier dossier (mars-avril 20111) à l’ « argent trompeur ». L’évangile nous exhorte à nous en faire l’ami.
Méditations pour un carême qui nous invite au  partage.
Plus encore : réflexions et analyses, au niveau des pâquerettes, sur : le micro-crédit, le salaire des femmes, le surendettement, l’économie de communion, et même l’argent de poche confié aux enfants.

Et pour finir, qu’en pense Jésus lui-même ? Et Dominique ? Et François ?